Disney, et les personnages chrétiens

Publié le par CERCLE SAINT-PIERRE

Série « Gagné ou perdu » : chez Disney, la longue histoire des personnages chrétiens

L’apparition d’un personnage chrétien dans « Gagné ou perdu », une série produite par Pixar, filiale de Disney, suscite l’émoi, certains affirmant – à tort – que le studio n’en avait pas mis en scène depuis vingt ans. L’occasion de revenir sur les références chrétiennes que Disney distille avec parcimonie depuis cent ans.

  • Stéphane Dreyfus, le 15/03/2025
Scène du dessin animé Robin des bois réalisé par Walt Disney Productions. WALT DISNEY PRODUCTIONS / Collection Christophel/AFP

À quelques minutes d’un match de softball, une jeune fille assise sur un banc de touche adresse une prière à Dieu. «Notre Père qui êtes aux cieux, que votre force soit avec moi, implore Laurie très angoissée à l’idée de décevoir son père, entraîneur de l’équipe. J’ai la foi, mais il m’arrive d’être envahie par le doute. Ce que je veux, c’est attraper la balle. »

Cette scène de la série animée produite par Pixar, filiale de Disney, Gagné ou perdu, a mis en émoi certains observateurs du studio aux grandes oreilles et de nombreux sites reprenant, sans les vérifier, leurs observations. WDW News, site américain spécialisé dans l’actualité des parcs de Mickey aux États-Unis, affirme que ce personnage était « le premier ouvertement chrétien » dans une production Disney depuis vingt ans, ce qui est faux.

Si Laurie ne porte pas de croix, elle est bien croyante et a des posters d’anges dans sa chambre. Lors de la séquence précédente, l’Ave Maria de Schubert se fait entendre, laissant donc peu de doute sur l’identité chrétienne (sans qu’on puisse préciser si elle est catholique ou protestante) de la préado, qui toutefois n’est à aucun moment un enjeu central de l’épisode ou de la série.

Les prières de Blanche-Neige et de Pinocchio

De très nombreux personnages Disney ont déjà fait montre de leur piété à l’écran, comme le rappelle David Scordia-Révérand, directeur éditorial du site de fans français « Chroniques Disney ». À commencer par Blanche-Neige, qui dans le premier long métrage en dessin animé en couleur de l’histoire (1937) s’agenouille et unit ses mains pour demander que les sept nains soient bénis… et que Grincheux l’aime un peu.

Suivront la fameuse prière à la bonne étoile de Pinocchio (1940), la procession de pèlerins qui entonnent l’Ave Maria de Schubert à la fin de Fantasia (1940) ou celle dédiée à la Vierge dans Les Trois Caballeros (1944). Un court métrage animé sorti en 1948 dans Mélodie Cocktail raconte la vie de Johnny Pépin-de-pomme, inspiré de John Chapman, pionnier et missionnaire américain, qui plante des pommiers partout aux États-Unis, une casserole sur la tête et une bible à la main.

Pas de religion de peur de la controverse

«De nombreuses allusions chrétiennes émaillent les séries et téléfilms en prise de vues réelles des années 1950 et 1960, souligne David Scordia-Révérand, à travers notamment la présence de prêtres, souvent convoqués pour unir les héros par les liens sacrés du mariage, comme dans Les 101 Dalmatiens (1961). » Des allusions toujours discrètes, car Walt Disney, chrétien mais peu pratiquant, fuyait les sujets religieux comme politiques par crainte de susciter la controverse – même s’il avait réalisé à ses débuts dans les années 1930 des courts métrages animés mettant en scène des personnages bibliques (L’Arche de Noé, 1933).

 «À la mort de Walt Disney, en 1966, et surtout avec l’avènement du Nouvel Hollywood, les références chrétiennes disparaissent jusqu’au début des années 1990, note le spécialiste du studio de Mickey, exceptions faites de Frère Tuck dans le dessin animé adapté de Robin des bois (1973) ou du court métrage Le Petit Âne de Bethléem (1978). » En 1989, la Petite Sirène passe devant le curé pour se marier à son bien-aimé et, un an plus tard, Mickey est couronné dans une cathédrale dans Le Prince et le Pauvre, adaptation d’un roman de Mark Twain.

Puis, à travers sa filiale Touchstone de production de films en prise de vues réelles destinés à un public plus âgé, Disney produit Sister Act (1992), comédie musicale piquante sur fond de vie religieuse, puis La Femme du pasteur (1997), romance sucrée mettant en scène un ange qui essaye de recoller les morceaux de la famille d’un pasteur américain. Sans oublier Le Bossu de Notre-Dame (1996), qui voit Esmeralda chanter sa prière, Les bannis ont droit d’amour, à la Vierge Marie, dans la cathédrale parisienne. Le méchant Frollo, archidiacre dans le roman de Victor Hugo, est transformé en juge, même s’il reste pieux, afin d’atténuer la charge anticléricale du récit d’origine.

En 2007, dans Le Secret de Terabithia, la famille du personnage principal est catholique. Mais pour le garçon, c’est surtout une corvée d’aller à l’église, et la religion reste en toile du fond de ce film coproduit par Disney avec Walden Media, détenu par un milliardaire chrétien conservateur. C’est avec la même société que Disney adapte les trois volets du Monde de Narnia (2005, 2008, 2010), inspirés de la série littéraire de C. S. Lewis, qui « charrie de nombreuses métaphores des thèmes chrétiens, comme la rédemption, que le studio a cherché à atténuer».

Deux films biographiques mettent en scène des champions à l’épreuve de leur foi : McFarland (2015) sur un entraîneur évangélique qui entraîne des lycéens latinos à faire de la course à pied, et La Dame de Katwe (2016), sur une jeune prodige des échecs ougandaise issue d’une famille chrétienne. Des références assez récentes, donc, qui relativisent la portée politique attribuée au personnage de Laurie dans Gagné ou perdu, série qui a par ailleurs défrayé la chronique en supprimant un personnage transgenre de son scénario peu de temps avant d’avoir renoncé à sa politique de diversité et d’inclusion.

Sources : LaCroix

Le Bossu de Notre Dame - Les bannis ont droit d'amour I Disney Découvrez la chanson "Les bannis ont droit d'amour" extraite du film Disney Le Bossu de Notre Dame !

Publié dans Divers

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