Marseille se mobilise pour sa Bonne Mère
Marseille se mobilise
pour sa Bonne Mère
Dès septembre, des travaux de rénovation vont débuter à Notre-Dame-de-la-Garde pour un coût total de 2,5 millions d’euros. Un chantier historique, qui devrait durer neuf mois et permettra notamment de redorer la statue de la Vierge, si chère aux Marseillais. Pour mener à bien cette opération, le diocèse lance un appel aux dons.
Depuis 1857, la statue de Notre-Dame de la Garde en est déjà à sa cinquième opération de dorure. La dernière date de 1989 et a nécessité 30 000 feuilles d’or de 23 carats d’un poids total de 510 grammes. Soumise aux caprices de la météo, aux embruns et à la pollution urbaine, des écailles se répandent actuellement sur l’ensemble de la statue. La redorure a lieu tous les trente ans afin de préserver tout son éclat et son rayonnement, qui va bien au-delà des collines et de la mer environnantes.
Il est difficile de trouver les mots pour décrire le lien qui unit les Marseillais à leur Bonne Mère. Quand on « monte » à Notre-Dame-de-la-Garde, la vue saisissante fait oublier la pente raide qu’il a fallu gravir pour parvenir jusque-là. Une fois en haut, c’est surtout à l’intérieur que cela se passe. Chaque habitant, chaque pèlerin, croyant ou pas, chrétien ou pas, vient y confier un moment heureux ou douloureux de sa vie tant la Bonne Mère fait partie intégrante du quotidien.
Pour le cardinal Jean-Marc Aveline, la statue de Marie fait un geste d’accueil et traduit, en cela, l’âme de Marseille, ville portuaire où la population vient d’ailleurs. Il explique : « On arrive souvent à Marseille avec une histoire qui a connu la souffrance et cette statue, elle vous remet debout, si je puis dire. » Une statue qui reste droite, malgré les vents et les embruns, avec « cette dignité profonde qui touche l’âme ».
Cela rappelle qu’en dépit des vicissitudes de la vie, la Bonne Mère est un repère. Son rayonnement diffuse bien au-delà des chrétiens et rappelle que « la dimension spirituelle de l’humain existe toujours ».
Outre la redorure et la structure de la statue, le prochain chantier permettra aussi de restaurer les pierres et les anges du campanile, mais aussi d’autres espaces à l’extérieur ou à l’intérieur de la basilique (lire l’interview de Xavier David, architecte, dans Église à Marseille de mars 2024 ou sur diocese-marseille.fr).
Comme le coût des travaux représente une somme importante, le diocèse de Marseille en appelle à la générosité de toute personne de bonne volonté pour que Notre-Dame-de-la-Garde reste « à jamais la plus belle ». Un ex-voto en forme en forme de coeur réunissant les noms de tous les mécènes et donateurs, quel que soit le montant du don, sera déposé au pied de la statue. « Nous devons le faire pour les Marseillais de demain », conclut le cardinal Jean-Marc Aveline. 🔹Sophie Lecomte
« Les dons serviront à redorer la statue »
Edouard Detaille est responsable du mécénat pour la restauration de la Bonne Mère. Il explique les enjeux et les modalités de cette collecte exceptionnelle.
Un chantier inédit et indispensable va avoir lieu en 2024-2025 pour restaurer Notre Dame de la Garde pour un coût total de 2 470 000 euros : comment allez-vous faire pour trouver cette somme ?
Nous avons lancé une campagne de financement participatif sur www.jesoutienslabonnemere.com et nous avons déjà près de 20 000 € qui sont arrivés en quelques jours seulement. Nous sommes encore loin de l’objectif, mais cela montre bien l’attachement des Marseillais à la Bonne Mère : les dons sont arrivés dès les premières minutes après le lancement de la plateforme. Par ce biais (ou par chèque bien sûr, cf. article précédent), chacun va pouvoir faire son don en ligne, mais aussi, s’il le souhaite, faire sa propre campagne pour la Bonne Mère, en créant une cagnotte personnalisée. Nous aurons aussi des témoignages vidéo de Marseillais connus et inconnus, que vous pourrez découvrir bientôt, et qui vont nous aider à animer cette campagne. Nous proposons également à tous les commerçants de la ville de participer à cette campagne de dons de manière facilitée grâce à la technique de « l’arrondi ». Quand vous passerez en caisse dans un magasin et que vous devez payer 19 euros, on vous proposera d’ajouter 0.50c ou 1 euros pour la Bonne Mère. Les commerçants intéressés peuvent nous solliciter dès maintenant pour bénéficier de ce dispositif très simple à mettre en place. Enfin, nous inaugurons des dîners « mécénat » pour permettre à des grands mécènes et des entreprises partenaires de se retrouver à l’occasion d’un moment convivial, visiter le site et confirmer leur soutien. J’en profite pour annoncer que le groupe CMA CGM est l’un des grands mécènes qui a annoncé être au rendez-vous pour nous aider à financer ce lourd chantier.
Plus de 2M€ : la somme est importante ! Etes-vous serein quant au succès de la campagne de financement ?
J’ai rejoint l’équipe du mécénat du diocèse à l’occasion des Rencontres méditerranéennes au printemps 2023. Intérieurement, je me disais que cela allait être compliqué de trouver les sommes nécessaires en si peu de temps, avant la venue du Pape. Je me rappelle d’une célébration où le cardinal nous disait : « C’est en septembre, c’est un peu court mais il faut avoir confiance ! ». Aujourd’hui, je me dis la même chose ! Quand on a de tels travaux, de tels montant qu’aucun diocèse ne pourrait soutenir, c’est un acte de foi avant tout que de les lancer… tout en cherchant les financements. Donc oui, nous sommes optimistes mais nous restons aussi très prudents parce que cela reste une somme très importante. On imagine qu’on va y arriver mais on va avoir besoin de tout le monde, les habitants, les fidèles du diocèse, les pèlerins, les touristes, mais aussi des entreprises locales, régionales, nationales voire internationales. Nous allons aussi solliciter des subventions auprès des collectivités locales.
Attendez-vous un certain montant de dons avant de commencer les travaux ?
Avec le cœur des Marseillais, dont on sait qu’ils vont se mobiliser, nous prévoyons de commencer les travaux en septembre 2024. De toute façon, nous n’avons pas le choix et devons effectuer ces travaux pour ne pas laisser Notre Dame de la Garde se dégrader. Et nous allons le faire pour les deux générations à venir, car avec les technologies utilisées, la restauration durera non pas 30 mais au moins 50 ans ! La Bonne Mère fait partie de l’histoire personnelle de tous les Marseillais et c’est pourquoi nous souhaitons que les dons des habitants de la ville servent en priorité à financer le chantier de la seule statue, estimé à 1,3 M€. Pour remercier chaque donateur, quel que soit le montant du don, leur nom sera inscrit sur un ex-voto en forme de cœur, visible au pied de la statue. Chacun donne ce qu’il veut, ce qu’il peut. Il faut savoir que donner 50 €, c’est offrir une feuille d’or. Nous avons besoin de 30 000 feuilles d’or.
Propos recueillis par Sophie Lecomte
Retrouver cet entretien dans le numéro de juin 2024 de la revue Eglise à Marseille.
Le chantier de la Bonne Mère - De grands travaux de rénovation de la basilique marseillaise vont commencer au début de l'année 2025 ! La statue de la Bonne Mère va être redorée et de nombreux autres travaux de restaurations sont nécessaires, comme la restauration du campanile ou des anges du clocher.